Profession : DG municipal | Ordre des administrateurs agréés du Québec

Profession : DG municipal

Publié le : 12 novembre 2021 | Dernière modification le : 15 novembre 2021

Les élections municipales viennent de se dérouler. Tous les élus ont fait connaître leurs aspirations pour leurs villes. Mais le fonctionnement d'une municipalité ne tient évidemment pas qu'aux seules déclarations et promesses des maires. Dans l'ombre, il y a le directeur général et les services qu'il dirige.

Qu’est-ce qui fait qu’on décide de se lancer dans la gestion municipale ?

Maxime Boissonneault, Adm.A., directeur général de la municipalité de Dunham : Depuis que je suis jeune, j’aspirais à un poste de gestion dans le domaine public. Ce domaine m’intéresse particulièrement puisque l’on travaille avec des humains, c’est l’aspect social et communautaire qui nous distingue des entreprises privées. En 2015, alors âgé de 23 ans, j’ai eu l’opportunité de faire un mandat par intérim à la direction générale d’une municipalité. J’étais à ce moment le plus jeune directeur général dans le milieu municipal au Québec. Aujourd’hui, 6 ans plus tard, je suis encore dans ce milieu et je poursuis ma carrière dans de plus grosses organisations. Chaque jour est un défi : comme on dit souvent en gestion, il est difficile d’avancer rondement un dossier entre 8h et 16h et, au municipal, c’est encore plus vrai : les élus nous interpellent pour des demandes, des citoyens qui vivent des situations particulières, des fonctionnaires qui ont besoin d’accompagnement afin de bien transposer la vision du conseil dans le concret du projet. Chaque jour est un défi et on est constamment stimulé de toute part !

Jean Richard, Adm.A., C.M.C., directeur général de la ville de Saint-Basile : Ma formation [NDLR : en gestion urbaine et immobilière, en gestion générale et en conseil en management] puis et les défis inhérents à la fonction sont les principaux éléments qui m'ont attiré dans ce milieu. 

Valérie Cloutier, Adm.A., directrice générale de la municipalité de la Paroisse de Lac-aux-Sables : Personnellement, ce qui m’a le plus intéressée dans la gestion municipale, c’est la variété des actions. Quotidiennement, non seulement je fais de la mise en œuvre de projets dans tous les domaines municipaux, je fais le lien avec le politique mais je réalise également des tâches reliées à la rédaction législative, à la trésorerie, à la gestion des ressources humaines, au droit du travail, à la sécurité publique, aux communications, etc. Initialement, je travaillais en cabinet comptable et une partie de l’année j’auditais les municipalités. J’ai été interpellée quand j’ai vu qu’un directeur général était comme un chef d’orchestre, qui travaillait non seulement dans l’ensemble des sphères de la gestion, mais aussi au développement et à l’avancement d’un territoire donné. 

Parmi les bénéfices de cette profession, on retrouve le fait de contribuer à avoir un impact sur le développement de la communauté, une carrière diversifiée en constante évolution et assurément non routinière.

Les habitants vous connaissent-ils ? Savent-ils ce que vous faites dans leur ville ?

Valérie Cloutier, Adm.A., directrice générale de la municipalité de la Paroisse de Lac-aux-Sables : Il est rare qu’un citoyen connaisse l’étendue de la fonction de directeur général. La plupart des citoyens connaissent le directeur général du fait qu’il le voit parfois sur des photos lors de lancement de projets ou s’ils ont assisté aux séances publiques du conseil municipal. De plus, comme celui-ci n’a pas de rôle décisionnel du point de vue politique, on ne lui attribuera pas la réussite d’une planification stratégique. Souvent ce type de réalisations nécessite de nombreuses années et sera attribuée au conseil municipal en place.

Jean Richard, Adm.A., C.M.C., directeur général de la ville de Saint-Basile : Je suis l’homme qui fait avancer et qui met en œuvre les décisions du conseil, je suis perçu ainsi par les citoyens.

Maxime Boissonneault, Adm.A., directeur général de la municipalité de Dunham : J’essaie toujours de garder un contact bienveillant avec les citoyens. Par exemple, lorsque je suis arrivé dans ma nouvelle ville, j’ai fait publier un message de la direction générale sur la page Facebook afin de me présenter et de présenter ma vision pour la Ville et le travail à accomplir, avec et pour les citoyens. De temps à autre, selon les dossiers, je m’adresse aux citoyens par des publications sur la page Facebook de la Ville afin de leur présenter certains cheminements des projets. Le rôle est toutefois encore méconnu par une grande majorité de citoyens, peu importe la ville dans laquelle on travaille. Et il est vrai que nous sommes, la plupart du temps, une personne qui fait cheminer les projets dans l’ombre, pour les élus ou dans l’orientation que se donne la ville. 

Gère-t-on une grande ville comme une petite ville ?

Jean Richard, Adm.A., C.M.C., directeur général de la ville de Saint-Basile : Les défis des ressources financière et humaines, très limitées, sont beaucoup plus grands dans une petite ville.

Maxime Boissonneault, Adm.A., directeur général de la municipalité de Dunham : L’agilité organisationnelle qu’offrent les petites villes permet de mobiliser toute une équipe beaucoup plus facilement, de laisser tomber les vases clos et de travailler tous ensemble dans l’atteinte des objectifs. Par contre, peu importe la taille de la ville, nous gérons les mêmes enjeux, avons les mêmes défis, seulement à un niveau différent et, souvent, avec des ressources moindres lorsque nous sommes dans de plus petits milieux. Par exemple, les grosses villes sont en mesure d’avoir du personnel qualifié pour les différents postes alors que les plus petits milieux peinent à recruter du personnel ayant des qualifications professionnelles, souvent pour les questions budgétaires.

Valérie Cloutier, Adm.A., directrice générale de la municipalité de la Paroisse de Lac-aux-Sables : Dans les grandes villes on retrouve à l’interne des professionnels dans tous les domaines. Dans les plus petites municipalités, le directeur et ses gestionnaires devront être en mesure d’en connaître minimalement dans chacun des domaines, ou à défaut, ils devront faire affaire de façon périodique avec des firmes professionnelles pour accomplir certaines fonctions reliées au droit, à la comptabilité, à l’ingénierie, aux domaines techniques, à la rédaction législative, etc.

De plus, selon leur taille, les municipalités sont soit régies par la Loi sur les cités et villes soit par le Code municipal du Québec. Parmi les différences des deux lois se retrouve le rôle du directeur général. Dans les villes, celui-ci doit être accompagné d’un trésorier, d’un greffier et d’un coordonnateur à la sécurité civile alors que dans le Code Municipal, en règle générale, c’est la même personne qui occupe toutes ces fonctions, en plus du rôle de président des élections. De là, la raison d’avoir idéalement une personne qui s’intéresse à plusieurs disciplines en même temps.

Quelle serait votre ville idéale ? 

Maxime Boissonneault, Adm.A., directeur général de la municipalité de Dunham : Toute ville devrait être en mesure de mettre le citoyen au centre des décisions et des préoccupations. Parfois, lorsque la structure s’alourdit, nous sommes davantage concentrés sur l’aspect bureaucratique et le respect des procédures et on oublie le citoyen. Il faut renverser la situation et remettre, toujours, le citoyen au cœur des décisions. Lorsque des éléments sont mis en place, ils doivent l’être dans l’intérêt du citoyen. Dans tous mes milieux, je m’efforce d’amener cette vision et d’inverser la structure afin d’accéder à une structure agile, qui se complète, et qui met le citoyen au cœur de ses préoccupations quotidiennes.

Jean Richard, Adm.A., C.M.C., directeur général de la ville de Saint-Basile : La ville idéale est celle ou les élus travaillent en collaboration entre eux et avec les fonctionnaires. Le reste importe peu.

Valérie Cloutier, Adm.A., directrice générale de la municipalité de la Paroisse de Lac-aux-Sables : À mon avis, un mémoire complet pourrait s’écrire sur ce sujet. En résumé, après plus de dix ans à la direction générale et ayant travaillé sur cette période avec quatre maires différents, voici quelques pistes de réflexion :

  • Une ville dont le territoire permet encore du développement et dont la taille permettrait d’avoir une équipe suffisamment diversifiée pour gérer l’ensemble des fonctions. Pour moi, la taille idéale se situe entre 10 000 et 50 000 habitants.
  • Une ville où l’on retrouve des gestionnaires formés, mais dont la taille permet encore d’avoir une vue d’ensemble pour planifier, organiser et diriger en connaissant l’ensemble de la structure. Je ne privilégierais pas une structure horizontale par département mais davantage de regroupement de services et de fonctions. Il est intéressant de voir la possibilité de mettre en œuvre des ententes intermunicipales de services afin de diminuer les coûts aux contribuables. De plus, en fonctionnant de cette façon, il est possible de faire des postes spécialisés qui favorisent le recrutement et la rétention de personnel.
  • Ma gestion de ville idéale est celle où chaque personne est bien formée et informée à jouer son rôle qu’il soit politique, administratif ou opérationnel. Un environnement, où le conseil municipal accepte que la gestion municipale soit effectuée selon des principes de gestion reconnus, et que ce rôle soit bien mis en œuvre par la direction générale.  
  • Le sens du service municipal et du développement durable du territoire serait au cœur des décisions peu importe les allégeances politiques. Les élections ne seraient pas aux quatre ans mais comme avant aux deux ans de façon à ne jamais avoir un changement drastique de l’ensemble des politiciens municipaux ce qui permet une sauvegarde du savoir municipal et de ces orientations.
  • Les candidats à l’élection municipale devraient suivre préalablement des formations afin de se qualifier à l’exécution de leurs futures fonctions et connaître les règles qui régissent la structure municipale. Présentement, seule une formation en éthique est obligatoire dans les six mois de l’élection. Il serait utile que tous connaissent les bases des rôles et responsabilités de chacun, des principes législatifs qui régissent le milieu et du fonctionnement de base de la fiscalité municipale. Ces cours existent mais tous ne sont pas obligatoires.
  • Le citoyen occuperait un rôle participatif plus grand afin que les projets de développement de la communauté soient orientés par l’ensemble et non par quelques décideurs pendant quatre ans. Ce principe de participation existe également déjà, mais n’est la plupart du temps que suggestif ou n’est pas répandu dans toutes les villes.
  • Un milieu où l’on favoriserait la synergie entre les différentes instances municipales, régionales, provinciales et fédérales, où le maire et la direction générale feraient équipe pour l’avancement de leur communauté dans leurs rôles respectifs.

 

 

 

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