Fimba Tankoano | Ordre des administrateurs agréés du Québec

Portraits d’Adm.A.

Fimba Tankoano

Fimba Tankoano, Adm.A.

Adm.A.

Directeur général | Concertation Horizon

Publié le : 27 novembre 2020

Vous êtes depuis peu directeur général chez Concertation Horizon.
Quelles sont vos responsabilités à ce poste et quels défis vous attendent
 ?

Concertation Horizon est une instance de concertation régionale intégrée dont la mission est d’accroître la capacité d’action collective des acteurs qui favorisent l’amélioration des conditions de vie dans les territoires couverts par les cinq MRC participantes (Beauharnois-Salaberry, Haut-Saint-Laurent, Jardins-de-Napierville, Roussillon et Vaudreuil-Soulanges) et de positionner le développement social et la réussite éducative comme vecteurs de développement des communautés. Ce sont 65 municipalités et une population d’environ 432 000 individus qui sont concernés.  

À titre de directeur général, mes responsabilités sont entre autres d’assurer le fonctionnement du conseil d’administration, la gestion administrative de l’OBNL, la gestion financière ainsi que la gestion des ressources humaines. Étant le principal dirigeant d’une concertation régionale intégrée sur la question du développement social et de la réussite éducative et sociale, cela implique, mais sans s’y limiter, l’élaboration et le suivi du plan d'action régional, l’établissement des partenariats intersectoriels favorisant la cohérence régionale et la cohésion territoriale du développement social, l’établissement d’ententes de partenariat, la recherche de financements permettant non seulement la viabilité et la pérennité de la corporation mais aussi et surtout la réalisation de projets collectifs.

Créé en 2015 mais nouvellement incorporé à titre d’OBNL, le premier défi touche la structuration et l’autonomisation du fonctionnement de la corporation. Ici, il ne s’agit pas simplement d’avoir des compétences de gestionnaire. Il faut avoir une fine connaissance des différents types d’OBNL et de leur fonctionnement. Qui plus est, cet OBNL a la particularité d’avoir une diversité de parties intéressées comme des élus municipaux, des représentants d’institutions paragouvernementales, du milieu communautaire, du milieu scolaire et du milieu universitaire. Ces parties aussi diversifiées soient-elles sont aussi investies dans les instances de gouvernance de Concertation Horizon. Un défi, une grande richesse. De là toute l’importance de la diplomatie dans la gestion et de la capacité à proposer une vision commune et rassembleuse pour assurer la mobilisation de tous les acteurs clés dans la démarche. Ainsi, en plus du rôle de gestionnaire, il faut être un agent de mobilisation et de communication. Il faut être capable de mener plusieurs chantiers simultanément, car les enjeux sont multiples et nécessitent d’être traités rapidement. Enfin, l’organisation est très jeune, nous en sommes à nos débuts. C’est-à-dire que nos ressources humaines et financières sont très limitées, pour le moment. La vision de développement exige à la fois de réaliser les activités en regard des objectifs de l’organisation tout en déployant des stratégies visant l’augmentation des ressources financières et humaines nécessaires.

Vous avez l’habitude d’œuvrer dans des OBNL et des organismes orientés vers le communautaire et le social. Pour un gestionnaire ou un dirigeant, quels sont les avantages et les inconvénients (ou forces et faiblesses) de ces organisations ?

Les organismes communautaires sont des entreprises sociales qui représentent d’extraordinaires véhicules pour les citoyens pour faire avancer des causes et améliorer leurs conditions de vie générale. La force de ces organisations réside dans l’engagement des populations à leurs côtés. Soit par la pratique du bénévolat ou encore par des contributions financières ou matérielles en témoignage de leur support à leurs missions. Pour un gestionnaire, cela est très gratifiant de savoir que ses gestes quotidiens ont un impact réel sur la vie de vraies personnes. Cela vient avec de grandes responsabilités, car au-delà du travail de gestionnaire, tu partages en quelque sorte la vie et le destin de ces personnes pour qui tu travailles en réalité. L’aspect humain prend beaucoup de place et il faut savoir naviguer entre le réalisme et les émotions, ce qui n’est pas chose aisée et dénuée de tensions. Le sous-financement auquel fait face la majorité des organismes communautaires est une des faiblesses les plus difficiles à surmonter. En tant que gestionnaire de proximité, nous avons très souvent à prendre des décisions déchirantes. Réduction du personnel, abandon de certains projets ou encore incapacité à venir en aide à des personnes qui sont dans le besoin. Le financement par projet est largement privilégié par les bailleurs de fonds, et ce, au détriment d’un soutien financier de base suffisant pour soutenir adéquatement la réalisation de la mission des organismes. Cette croissance du financement par projet affecte, dans bien des cas, de manière négative, la capacité de réalisation des activités de la mission des organisations. De plus, il n’est pas rare de voir des organismes s’éloigner de leur mission de base afin d’obtenir un financement supplémentaire.

Quel est le meilleur conseil que vous ayez reçu dans le cadre de votre profession ?

Ne jamais perdre de vue la mission et les valeurs de l’organisation dans la prise de décision. Ce conseil se retrouve dans tous les cours de gestion, mais c’est sur le terrain que j’ai pu réellement en prendre toute la mesure. En tant que gestionnaire, on a souvent beaucoup d’idées et une vision qui mobilise notre énergie et celle de nos collaborateurs. On fait face à des défis qui nous amènent à rechercher des solutions innovantes. Le risque est que dans notre désir de voir réaliser notre vision, on en arrive à prendre des décisions qui ne sont plus en cohérence avec la raison d’être de notre organisation.

À titre d’exemple, lors du déclenchement de la crise de la Covid-19 en mars dernier, plusieurs gestionnaires d’organismes de bienfaisance ont pris des décisions telles que la mise à pied de leurs employés malgré le fait que les différents paliers de gouvernement encourageaient les employeurs à garder leurs employés en fonction. S’il était compréhensible pour des entreprises privées d’agir ainsi, cela l’était moins pour les organismes de bienfaisance selon moi. La mission première de la majorité des organisations de bienfaisance c’est de venir en aide aux personnes dans le besoin. Or lors de la crise, les employés de ces organisations devenaient selon moi des personnes dans le besoin à leur tour. Il n’y avait donc pas de raison pour ces gestionnaires d’agir comme leurs homologues du privé puisque les missions et les valeurs n’étaient pas les mêmes.

Quel aspect de votre profession préférez-vous ?

La planification est pour moi le moment que j’adore. Cela me permet de visualiser ce qui sera réalisé à la ligne d’arrivée. C’est comme lorsque tu te prépares à partir en voyage et que tu es en train de prévoir tout ce qu’il faudra faire sur le trajet et aussi à la destination finale. C’est très emballant !

Il y a aussi le dévoilement des résultats d’un projet ou d’une initiative entamée depuis plusieurs années. C’est un moment de célébration lorsque vient le temps de vivre l’aboutissement d’un effort collectif. Mais, avant ce moment, il y a toutes les rencontres de travail avec l’équipe et les différents comités formés de personnes engagées. Ce sont de beaux moments où l’espoir prend le dessus sur tout le reste et ouvre la voie à la créativité, au rêve. C’est une énergie incroyable et stimulante !

Profession gestionnaire, c’est…?

C’est être au service de toutes les parties intéressées de l’organisation. On voit très souvent le gestionnaire comme le porte-parole de l’organisation qui se trouve au sommet de la pyramide, qui prend des décisions basées sur de la stratégie. Pour moi, un gestionnaire dans un organisme communautaire c’est aussi et surtout un chef d’orchestre bienveillant, un phare pour mettre en lumière le potentiel de chacun, les soutenir dans leur contribution et leur cheminement. Il est polyvalent, car il doit être capable de remplacer au pied levé un collaborateur. Il doit être capable de gérer les problèmes informatiques qui peuvent survenir. Il doit être un bon orateur, car il se doit d’avoir un discours rassembleur. Bref, il veille à ce que tout fonctionne pour le mieux et pour tout le monde.  

Pourquoi être Adm.A. ?

Les gestionnaires savent tous ce qu’est la « solitude de la direction générale ». D’un côté, il y a son conseil d’administration et de l’autre, il y a son équipe. Il entretient des liens différents entre ces deux catégories de collaborateurs. Il n’est ni un administrateur ni un employé comme les autres. Il a un statut spécial. Si tout le monde se confie à lui, lui n’a pas se luxe. Être Adm.A. permet de disposer d’une communauté avec laquelle il est possible d’échanger sur nos défis et de partager des astuces pour nous soutenir mutuellement dans l’amélioration de nos pratiques. C’est aussi un gage de compétence qui nous rassure nous-mêmes et nos collaborateurs sur notre professionnalisme dans l’exécution de notre mandat. Enfin, nous avons tous le devoir de contribuer à faire progresser notre profession et être membre de l’Ordre est un excellent moyen de le faire à travers notre implication dans le développement et le partage des connaissances.    

Quel a été votre premier emploi ?

Assistant en recrutement dans un cabinet de ressources humaines fut mon premier emploi à temps plein. Je venais d’obtenir mon diplôme de Licence en psychologie et j’entamais mon année de maîtrise en psychologie sociale et du travail lorsque cette opportunité s’est offerte à moi. Très vite, mon côté social s’est révélé et mon patron de l’époque m’avait confié alors le développement du centre de bilan des compétences. Ce service devait aider à mieux soutenir les chercheurs d’emploi dans leurs démarches afin d’accroître leurs chances. À mon arrivée au Québec, j’ai été agréablement surpris de voir qu’il y avait tout un programme gouvernemental en collaboration avec des milliers d’organismes communautaires en employabilité. Comme quoi, la vie nous réserve de bien belles surprises parfois !


En rafale

Un personnage historique ou contemporain qui vous impressionne ?

Thomas Sankara ! C’était un jeune militaire de 33 ans qui a conduit la révolution burkinabé de 1983 à 1987. J’ai vu comment un leader bienveillant peut conduire tout un peuple à un éveil collectif. Il croyait en l’apport de tous les individus sans égard à l’âge, au sexe ou à la classe sociale. Il croyait en l’éducation (des filles et des garçons) comme une puissante arme d’épanouissement des peuples. Il a dit ceci : « un militaire sans éducation idéologique et politique est un criminel en puissance ». Il croyait en l’égalité entre les sexes et la place des femmes dans le développement de la nation. Il a démontré qu’un leader devait être au service de son peuple et non se servir au détriment de son peuple. J’étais si jeune, mais il a inspiré le type de leadership que je veux incarner en tant que gestionnaire pour l’ensemble de mes collaborateurs.

Un mot que vous trouvez beau ?

Confiance ! Au-delà de ce que signifie ce mot, il est à la base du mouvement, du changement, de l’évolution. Une personne peut avoir la meilleure formation, les meilleures idées, mais si elle manque de confiance en elle-même ou aux autres, elle ne fera rien de tout son potentiel. La confiance engendre l’initiative, la créativité, l’audace.

Qu’est-ce qui vous intrigue ou fascine dans la vie ?

La diversité infinie de tout ce qui existe autour de nous et en nous. L’infiniment petit dans l’infiniment grand. Si seulement nous avions le pouvoir de ressentir et de rentrer en relation avec tout ce qui existe dans notre univers, nous saurions que la vie ne se résume pas qu’à nous et que toutes nos actions, aussi anodines qu’elles puissent paraître, ont une incidence sur l’ensemble des êtres vivants dans l’univers, car nous sommes interreliés les uns aux autres. 

Le livre que vous auriez aimé écrire ?

« Napoléon trois ou L’aube des temps modernes ! » d’André Castelot. J’aimerais faire découvrir à l’ensemble des humains que nous sommes un seul et même peuple, de par notre histoire commune sur la planète. Ce n’est pas parce que dans une même famille des enfants ne se ressemblent pas physiquement ou qu’ils n’ont pas le même caractère qu’ils ne sont pas des enfants de la même fratrie pour autant. Il faut arrêter de vouloir comprendre la diversité, mais plutôt vivre et célébrer la diversité. « Vivre, c’est laisser vivre » ! (Paul Auster, 1982).

Qu’aimeriez-vous réaliser qui est encore aujourd’hui hors d’atteinte ?

Créer les États unis de la terre. Un seul peuple, un seul pays, un seul monde ! Une célébration de la diversité des nations à l’intérieur de cette grande famille humaine qui vie en harmonie avec la nature.

Une avancée sociale qui vous émeut ?

L’élection de Barack Obama à la présidence des États-Unis. C’est la preuve que l’humain est capable d’aller au-delà des apparences et apprécier l’humain en chaque individu.  

Trois objets indispensables de votre quotidien ?

  • Mon agenda : afin de bien planifier ce que j’ai à faire dans ma journée.
  • Mon téléphone : afin de rester à l’écoute de mes parties prenantes.
  • Mon cahier de notes : pour y consigner toutes les nouvelles idées qui jailliront de mes rencontres et conversations avec mes collaborateurs et partenaires.

Une odeur qui vous ramène à votre enfance ?

L’odeur de la terre mouillée qui me rappelle mon enfance dans mon pays d’origine, le Burkina Faso. Pays sahélien, la saison des pluies coïncide avec les vacances scolaires. L’école est finie, place aux jeux et aux voyages au village pour y visiter les grands-parents ainsi que les cousins et cousines. De beaux souvenirs de la vie en famille. Un retour aux sources, à la terre…

Les informations contenues dans ce portrait sont exactes à la date de publication, soit en novembre 2020.

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