Éthique
Éthique, conformité et responsabilité sociale
Publié le : 07 avril 2020 | Dernière modification le : 17 novembre 2023
Les entreprises ou organisations qu’elles soient privées, publiques ou paragouvernementales semblent de plus en plus s’intéresser à l’éthique, à la conformité ainsi qu’à la responsabilité sociale de l’entreprise. Cet intérêt peut être même palpable par le nombre croissant d’affichages de postes en lien avec ces aspects. Seulement, il n’est pas toujours aisé de s’y retrouver. Pour démêler le tout, Fatima Zahra Lahrizi, Adm.A., consultante en management, éthique et gouvernance, fait le tour des trois notions, de leur popularité et de ce qu'elles recouvrent.
Cet intérêt pour l’éthique, la conformité, la responsabilité sociale est-il un effet de mode, un réel engouement ou simplement une opération de séduction ?
Vous posez ici une question cruciale, car on pourrait associer la réputation ou l’image de marque d’une organisation à tous ces concepts que vous venez de nommer, qui sont différents les uns des autres.
Je crois qu’il faut avancer prudemment sur ce terrain. Oui certaines entreprises vont faire connaître leurs pratiques de gestion « éthiques » ou socialement responsables pour répondre à une opération de relations publiques. Si c’est le cas, il s’agit d’une pure instrumentalisation ou d’un effet de mimétisme. Autrement dit, les autres le font donc on le fait aussi.
D’autres organisations, par contre, vont ancrer l’éthique dans leur ADN ou culture organisationnelle parce qu’elles y croient profondément.
Et si nous parlons de plus en plus de conformité et d’éthique aujourd’hui c’est parce que la société exige de plus en plus des comportements exemplaires de la part de ses organisations et de leurs dirigeants. Depuis la fin des années 90, nous sommes les témoins de scandales financiers ou de toute autre nature et nous observons la sévérité avec laquelle la société sanctionne dans certains cas les comportements frauduleux ou immoraux.
Peut-on définir l’éthique de manière simple ?
Voilà un défi pernicieux auquel je vais me risquer. L’éthique est riche par la pluralité des définitions qu’on peut lui donner. On peut l’expliquer de manière simple ou complexe.
Pour rester simple, l’éthique peut être définie comme la réponse à la question : quelle est la meilleure décision que je devrais prendre ? Qu’est-ce-que je devrais faire ? En éthique, on est dans le royaume de l’acceptable ou de l’inacceptable, au-delà du strict respect des lois et des normes. En éthique, vous êtes en quelque sorte au-dessus du minimum requis.
Éthique et conformité ne sont pas à mon sens des termes interchangeables, mais bel et bien distincts. Le respect ou la conformité aux règlements, normes ou lois est une chose, l’éthique est toute autre et est associée davantage à un exercice de questionnement et de discernement. Et ceci dépasse même la sphère organisationnelle.
Autrement dit en tant qu’individu, je suis obnubilé par ce désir de bien faire, de bien agir. Pourquoi ? Parce que je suis en lien avec autrui, avec la nature ou toute autre espèce vivante. Je cherche comme individu à être une meilleure personne. C’est un travail continu.
Concernant la notion de responsabilité sociale de l’entreprise, communément appelée RSE, cela pourrait faire l’objet d’un autre article de par la richesse de son contenu.
Pour rester dans la sphère de l’éthique appliquée, en tant que gestionnaire, comment cela peut se traduire dans l’exercice quotidien de mes responsabilités ?
L’éthique est avant tout une affaire d’introspection, de responsabilité et de désir profond de bien agir. Sur un plan pragmatique cela signifie qu’en tant que gestionnaire ou administrateur je vais considérer plusieurs aspects dans l’exercice de mes fonctions avant de livrer une réponse toute faite ou une solution à un enjeu, difficulté ou crise que je vis au sein de mon organisation.
Il existe plusieurs modèles ou grilles de prises de décision éthique mais qui partagent néanmoins certains points communs.
En d’autres termes, pour simplifier ce qui est complexe, devant une situation donnée, vous devez :
- Effectuer l’inventaire des personnes ou groupes de personnes, communément appelés parties prenantes, qui vont être touchés par votre décision. Ces parties prenantes peuvent être vos employés, vos clients, vos fournisseurs, vos partenaires sociaux, votre environnement, etc.
- Analyser leurs intérêts, examiner les normes et lois en vigueur et vous assurer donc de la conformité de vos pratiques à ces normes.
- Examiner les valeurs fortes qui entrent en conflit et faire le choix déchirant parfois de celles qui vont guider vos actions.
- Évaluer l’ensemble des options ou solutions en fonction de leurs impacts sur ces parties prenantes.
- Choisir la réponse ou l’alternative qui semble à vos yeux la meilleure réponse possible en fonction du contexte et des ressources disponibles. La notion de lieu et de temps est, à mes yeux, très importante dans tout exercice de questionnement.
- Évaluer les retombées de vos décisions et les consigner en quelque sorte dans la mémoire ou l’histoire de votre organisation. Car il est important de tirer les enseignements de nos décisions.
Évidemment, cette démarche de réflexion éthique exclut toute forme de violence, d’arbitraire, d’injustice, d’absence d’intégrité, etc. Cela peut sembler a priori simple, mais l’articulation d’une telle équation sur un plan pratique peut être très chargée. C’est comme cela aussi qu’on grandit en tant que décideur et qu’on s’améliore.
Pour conclure, savez-vous quel est le meilleur test pour notre éthique ? C’est lorsque nous accomplissons la bonne action même si elle n’est pas dans notre intérêt.
À RETENIR
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